samedi 4 juin 2011

Ma vie, c'est du Bergman...

Dans les mauvais films, le type roule en bagnole dans Paris, il met 3 minutes 12 pour faire Bastille/Concorde, et il se gare pile poil devant l'immeuble dans lequel il va, parce qu'il y a TOUJOURS une place libre, juste devant...


Dans les mauvais films, le type parle facilement à sa femme, s'engueule vite fait avec elle pour des peccadilles, se réconcilie aussitôt sous la douche, ou sur un sofa à 14 places, et tout ceci finit dans une débauche de sexe et, souvent, de bons sentiments sirupeux et hypocrites à souhait...


Dans les mauvais films, le type a également une maîtresse à tomber par terre, et il gère son emploi du temps comme qui rigole, en culpabilisant juste ce qu'il faut pour donner quand même un peu de relief au scénario...


Dans les mauvais films, le type habite une maison d'architecte sur une colline couverte d'oliviers avec vue sur la mer, ou alors dans un Loft parisien hallucinant, genre Triplex aux Buttes Chaumont aux pieds du métro et du Nicolas...


Dans les mauvais films, le type fait un boulot de dingue que je paierais pour pouvoir faire le même, avec des collègues vachement cool, ou alors il a un boulot à la con mais il est super content quand même parce qu'il y a tellement d'autres choses plus importantes que le boulot dans la vie...

D'ailleurs, il a plein de passe temps et de passions, le type, dans les mauvais films...il ne s'ennuie jamais, et on ne le voit jamais devant un ordinateur pour écrire sur son blog, et on ne le voit pas non plus consulter frénétiquement son I-phone 253 fois par jour pour voir si il a reçu le mail ou le sms, qui n'arrivera jamais, de celle qui, s'il avait seulement été moins con...

Dans les mauvais films, le type fait des barbecues dans son méga jardin, le week end avec plein de potes dont au moins un est homo, et ils parlent gonzesses et foot entre deux merguez...

Dans les mauvais films, la dernière image, c'est toujours le couple de héros, beaux, jeunes, à peine cabossés par la vie, qui après s'être évités tout le film se retrouvent enfin, sur un quai de gare, ou sur un trottoir mouillé par la pluie, en se regardant pendant de longues minutes avec une musique pleine de violons en fond sonore ou alors c'est un chanteur à minettes, ou bien alors la fille regarde machinalement par sa fenêtre et aperçoit la Peugeot cabriolet du type qui se gare en bas de chez elle, juste devant parce qu'il y a TOUJOURS une place, et qui sort avec un bouquet de fleurs, et là, en général, c'est là que je sors mon mouchoir, trop sensible et romantique que je suis, il parait, c'est tellement pas faux...

Bon cela dit, on ne voit jamais ça, non plus, dans les mauvais films :



Et ben moi, si on faisait un film qui raconte ma vie, je crois vraiment que ce serait un pur chef d'oeuvre, chiant et abscon...

Du Bergman...

3 commentaires:

la Chatte a dit…

quand on vous lit, on penserait plutôt à Woody Allen, non? sourire...

vous noterez que tout le monde s'en tape de votre vie, hein, pas de commentaire de personne ayant envie de mettre la main entre vos jambes ou autre... non mais c'est juste parce que c'est le we !

Tagada a dit…

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.


Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune,


Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres.


Paul Verlaine, Clair de lune in Fêtes galantes.

Jeff a dit…

@ la chatte : il faut dire, Bergman, ça n'a jamais interréssé grand monde ! Ah si seulement je pouvais être plus près de Woody oui !

@ Tagada : magnifique cadeau...et trés joli résumé, en effet, sourire...