Une amie très chère me faisait part récemment de son envie, à moins que ce ne soit un besoin, d'arrêter le BDSM...
Un besoin, oui, ça encore, ça peut se comprendre...qui n'a jamais eu besoin de faire un break, prendre du recul par rapport à tout ça, qui n'a jamais senti sinon une culpabilité, du moins un certain ras le bol, celui de ne pas être un tout petit peu moins compliqué dans sa sexualité, dans son rapport aux autres...
Parce que oui, et tant pis si j'en fais hurler certains ou certaines, mais les gens du BDSM sont des gens compliqués, complexes à tout le moins...
C'est pas le sujet, pas trop...
Outre la volonté farouche que j'ai eu d'essayer de dissuader mon amie de renoncer à tout cela, quel horrible gâchis ce serait, je me suis permis de lui faire la remarque que c'était plus compliqué que ça, tellement plus compliqué qu'une simple décision qu'on prend, comme ça, sur un coup de tête, comme on dirait : "Bon, allez, une dernière cigarette et après j'arrête"...
Non, même arrêter de fumer c'est bien plus simple...
Le BDSM, déjà, c'est pas comme l'aquagym ou le macramé, c'est pas une activité qu'on décide de faire pour occuper ses longues soirées d'hiver...
Le BDSM, c'est comme Obélix et la potion magique, on tombe dedans quand on est petit, enfin plus ou moins petit, et après on a plus besoin d'en boire, plus besoin de relire "Histoire d'O" pour s'entretenir, c'est en soi, c'est devenu une seconde nature, ou même mieux, sa vraie nature, je le crois vraiment, et ceux et celles qui "savent" voient très bien ce que je veux dire...
Il y a donc des choses qu'on ne pourra jamais faire, même si on le veut plus que tout...On ne peut pas décréter qu'on arrête d'être une femme par exemple, ou qu'on cesse d'être drôle...ou même qu'on commence à l'être d'ailleurs, drôle, et je m'étonne qu'Anne Roumanoff, par exemple, n'ait pas encore compris ça.
On ne peut pas non plus dire qu'on naît avec des prédispositions pour le BDSM, un terrain favorable, je n'y crois pas une seconde. Pour moi, la soumission, ou la domination, ce n'est pas de l'inné, c'est de l'acquis...c'est comme l'humour donc, ou l'intelligence, ou n'importe quel trait de caractère, ça s'acquiert, ça se façonne, ça se travaille, au fil des années et au gré des rencontres, à l'aune de ses expériences heureuses ou malheureuses, et on devient doué pour ça...ou pas, mais en tout cas ça devient naturel...L'humour, chez Anne Roumanoff est au moins devenu naturel, à défaut d'être tangible...
Ben le BDSM, c'est à peu près pareil...quand on y a goûté, quand on l'a apprivoisé, quand on sait que c'est en nous, on ne peut pas décréter du jour au lendemain que c'est fini, et même si, comme moi, on y est pas doué pour deux sous...
Je ne le sais que trop hélas...j'ai essayé d'arrêter moi aussi, environ 1243 fois, mais ça me travaille toujours autant...Simplement, pour que ma vie devienne juste un peu plus vivable, il a fallu que je m'adapte un peu : je me suis donc résigné, pour des raisons et dans des dispositions que je vous expliquerais un jour ou j'aurais vraiment, mais alors vraiment vraiment rien d'autre à foutre...
Voilà... si on ne peut pas renoncer au BDSM, on peut donc, éventuellement, se résigner, enfin moi en tout cas, je ne vois pas d'autre alternative...
Et c'est là, ma chère, ma très chère amie, que ça ne va pas
Je ne peux pas te laisser dire ça, et encore moins le faire...pas toi...
Car je te l'ai déjà écris, je te l'ai répété au téléphone et je l'écris ici pour que ça reste, et que ça serve à tout le monde : la résignation est une petite mort, vraiment, il faut le savoir...
Et je te préfère vivante...oui, je sais, c'est idiot...
Et puis enfin quoi....es tu vraiment sure de pouvoir renoncer à ça?!
Je ne crois pas...
On n'abandonne pas le BDSM.
On s'y abandonne...
6 commentaires:
Si j'avais le pouvoir de dire les mots qui résonne en moi, je les aurais ... Chanté chanté chanté chanté chanté ..........Mais qu'avons nous fait de nous ? ....De moi…
Alors je dirais que tes mots ont rendu le sourire à mes « maux »…Les larmes aux yeux …
« Alors d’accord qu’une danse emporte ma vie et je suivrais ma vie et qu’importe ce qu’ils en pensent… »
Je sais que je ne suis ni condamné, à présent.
Tu as un ange au fond de toi, mon Ami.
Ne pas se résoudre à s’oublier soi…Mais ne pas gâcher sa vie…Retrouver l’envie …aller vers là ou nos cœur nous dit…
Mais …Personne n’est obligé de tout accepter.
Ma porte s’est refermé, sans oublié la clé parce qu’au cas où celui ou celle qui tournera la poigné saura …Ou me retrouver.
Chacun d’entre nous à son rôle à jouer dans la vie… Le mien à commencer devant « ce fouet » …Tu te souviens ?
Merci pour ces mots Jeff, tu es la plus belle histoire d’amitié que je vis .
C’est promis.
Se résigner ? hum... j'aurais tendance à penser que vous avez raion. et pourtant, il m'est arrivé d'arrêter et c'était un choix pleinement assumé. Arrêter en sachant que l'on reprendra, évidemment.
Faire un pause, une vraie pause est parfois nécessaire. Difficile de comparer mais je crois que comme le sport de haut niveau par exemple, où mental et physique sont liés, il arrive que l'on ou l'autre demande un arrêt.
Et puis, il y a aussi, évidemment, le fait que l'on est deux, pas toujours mais le plus souvent. et la relation connait des aléas...
je crois que c'est ce temps de pause qu'il faut envisager avec séreinité.
B
ah la discussion sur l'inné et l'acquis dans le Bdsm, vaste sujet!
perso je pense que la vérité est entre les deux, il faut une graine, l'acquis, et il faut un terrain, l'inné, pour que le Bdsm pousse.
Maintenant, si chez votre amie on a brûlé le terrain avec du sel de larmes, est ce que la fleur Bdsm pourra repousser un jour?
(en tout cas, celui qui aura détruit le terrain, on lui en voudra, c'est sûr...)
mais même après Hiroshima des plantes ont repoussé, alors...pour votre amie, une pensée pleine d'espoir !!
Encore plus compliqué que d'arrêter la cigarette ? Ben dites donc, moi qui arrête de fumer jeudi (pour la 1243ème fois...), je suis de tout cœur avec votre amie !
Résignation ou concession ? Bon moi j'y comprends rien, mais j'ai le sentiment que le BDSM c'est encore plus compliqué que les trucs compliqués que vous en dites, parce que multiple... mais comme je disais, je n'y comprends rien.
"On n'abandonne pas le BDSM. On s'y abandonne..."
quelle jolie et limpide conclusion, rien de plus à ajouter !
@ Océan d'amour : je me souviens oui, du fouet, et puis de ta présence, de ta chaleur, de ta gentillesse, de celle qui nous rapproche...et de son collier, que tu ne peux pas abandonner, toi non plus...
@ Brigitte : et oui, il faut être deux, tout est là...la résignation est le fruit de la solitude
@ Cassiopée : je ne sais pas, je n'ai jamais fumé, sourire...c'est pas que ce soit compliqué, c'est ce que nous sommes qui l'est...enfin en tout cas ce que je suis moi !
@ Elisabethe : ah ben pour une fois qu'on est d'accord ! ;-))
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