dimanche 16 octobre 2011

Placide est Musso...*

J'ai lu un bouquin de merde...


Non pas que ce soit un bouquin énervant sur le fond, c'est pas du François de Closets non plus, mais c'est juste un bouquin écrit à la truelle, et ça m'agace...


Et puis que ce soit si mal écrit encore, c'est pas forcément ça le plus gênant...après tout, la collection Arlequin trouve bien son public, et moi même j'ai une ou deux fans...


Non, surtout, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ça se vend autant, pourquoi autant de lecteurs, alors que tout ceci a déjà été écrit mille fois avant, et tellement mieux...A croire que les gens ont besoin de se rassurer en lisant toujours la même chose, pas de risque, surtout ne pas être bousculé...

Pourquoi j'ai acheté cette daube me direz vous?!

A ma décharge, et même si je sais que ce sera très difficile, disons que je ne voulais pas mourir idiot...Car si j'ai bien compris, ce type est en effet avec Marc Lévy (lui j'ai pas encore essayé mais du coup je crois que je suis vacciné!) l'auteur français qui se vend le plus en ce moment...alors je voulais comprendre, voir à quoi ça ressemblait, pourquoi autant de succès, comment écrire, et qu'écrire, pour devenir un écrivain populaire, un des plus beaux métiers du monde...histoire de me donner des idées quoi, ou des envies, ne riez pas je vous prie...


Et ben mon vieux, j'ai pas été déçu...

Guillaume Musso, puisque c'est de lui dont il s'agit, est donc à la littérature ce que Mc Donald est à la gastronomie, ce que TF1 est au cinéma d'auteur, ce que David Douillet est à l'intelligence et Nadine Morano à la finesse, ou le contraire, ce que Jacob est à Delafon...un attrape gogo, une insulte, du foutage de gueule, un truc indigeste au possible, en un mot, de la m...

Non, bon, quand même, faut pas éxagérer...mais c'est juste pas possible d'écrire ça quoi, ça n'a aucune âme, pas d'émotion, c'est plat comme une chanson de Yannick Noah, ça se lit comme on lit un journal gratuit, bref, un vrai pensum...

Bon...Si vous trouvez que j'exagère, je vais juste vous donner un petit exemple, parce que oh, c'est trop facile sinon...

Je parlais de cliché chez Foenkinos la dernière fois...et ben là c'est même plus des clichés, c'est carrément un diaporama...

Mon dieu, est-il encore possible d'écrire, de nos jours, des trucs aussi lourdingues que ça, page 76:

"Dès qu'il eut rejoint l'A6 - la fameuse autoroute du soleil -, Archibald fit vrombrir le moteur six cylindres, libérant ses 280 chevaux. Il aimait la vitesse, il aimait se sentir vivant."

Bien...

Analysons, voulez vous, ce grand moment de littérature...

Commençons par "La fameuse autoroute du soleil" donc....mouarf, quelle information capitale au déroulement du récit, quel style décoiffant ! Mais faut dire aussi, avec 280 chevaux au cul (passionnant non?), normal que ça décoiffe...
Non, cette phrase est simplement un  petit clin d'oeil complice au lecteur, genre: "hey les gars, l'autoroute du soleil, vous la prenez aussi vous"...grosse ficelle pour créer la proximité avec le lecteur...

Passons sur le couillu "moteur six cylindres" vrombissant, uniquement la pour prouver la virilité du héros, malgré son prénom ridicule de vieux lord anglais à moustache...

Et terminons en beauté par l'impayable : "Il aimait la vitesse, il aimait se sentir vivant"...

Relisez lentement cette phrase je vous prie, et savourez la longuement...vous êtes là en présence de la quintessence absolue de la vacuité, une sorte de chef d'oeuvre du vide, le Taj Mahal du néant, rien de moins, et surtout rien de plus...quand on a lu ça, on peut presque mourir en paix, on ne pourra jamais tomber plus bas dans la médiocrité...

Nan parce que déjà, vous en connaissez beaucoup vous, des gens qui n'aiment pas se sentir vivant ?!

- Oh là là, mais ça va pas du tout moi ce matin, je sais pas ce que j'ai, je me sens vivant...

Ri-di-cule...

Et pourquoi pas non plus "il aimait les huîtres, il aimait se sentir vivant", ou encore, pour le fétichiste que je suis "il aimait les bas couture, il aimait se sentir vivant"...

Ami lecteur, cherche un peu, je suis sur que toi aussi tu peux en trouver plein des phrases trop mortelles comme celle là, avec des mots à toi que tu aimes...essaye...toi aussi tu peux devenir Guillaume Musso !

Plouf plouf...
De même qu'il y avait "l'easy listening", la musique facile à écouter, il y a donc désormais  "l'easy reading" et Guillaume Musso est son prophète...

Ah ça c'est sur, ça prend pas la tête, ça fait pas réfléchir !...

Alors je sais bien, certains, après une journée de boulot à se faire démonter la tête par un supérieur psychopathe n'attendent que ça, un truc facile à lire et qui fait rêver, pour oublier, pour s'évader...Et dans ce monde de plus en plus barjot hélas, force est de constater qu'ils sont de plus en plus nombreux à avoir envie de ça, envie de se vider l'esprit à coup de banalité et de niaiserie, regardez donc le succès de "Plus belle la vie" par exemple...

Et d'ou ce foudroyant succès d'édition, comme on dit...CQFD...

Mais bon, dans tout ça, qui faut il blâmer finalement ?! les lecteurs de vouloir la facilité ? l'auteur de leur proposer ? l'éditeur de leur vendre ? ou bien l'époque, d'imposer ça à tout le monde, parce que c'est toujours plus facile de niveler par le bas ?!

Et puis près tout, si chacun y trouve son compte, je suis qui moi, pour critiquer ça ?!!

Simplement, en bon tourmenté et éternel angoissé que je suis, j'attends de mes lectures autre chose qu'un médiocre robinet d'eau tiède tout juste bon à me décérébrer...

J'attends de l'émotion, de la réflexion, de la sensualité, du chaud, ou du froid, mais pas ça bordel, pas cette mièvrerie pour adolescente, et encore, les pauvres, elles méritent mieux que ça...déjà qu'elles ont Justin Bieber et Lady Gaga...

Mais la, rien, nada, zéro, même pas un talon aiguille sur la moquette comme chez Foenkinos, même l'héroïne s'habille comme un sac, alors comment voulez vous que ça me plaise ?!

Je ne lirais donc pas Marc Lévy, c'est bon, j'ai donné...

Et puis je vais démarrer pour la 542e fois mon propre bouquin, celui qui ne verra jamais le jour parce que je suis bien incapable, hélas, d'écrire mieux que Musso, et surtout, surtout, parce que je suis totalement incapable d'avoir le culot monstre d'envoyer ma modeste prose à une quelconque maison d'édition...

J'ai ma dignité, moi...

Tandis que Musso, cerise sur le gâteau, pousse le vice jusqu'à poser dans son bouquin, petit pull sur les épaules, placide...

Cette photo complétement indécente, c'est un peu comme si le type qui gagne au loto mettait une photo de lui sur son Yacht dans la vitrine du PMU ou il va acheter ses clopes tous les jours...

Et ben ça du coup, c'est ça qui m'a énervé, encore plus que tout le reste...quand on est aussi médiocre mais qu'on réussit quand même, et autant, on devrait au moins avoir la décence de la jouer profil bas, moi je dis...

Et ceci est naturellement valable dans tous les domaines, mais les autres se reconnaîtront  ! (oui ben moi j'ai pas de succès, faites pas suer !)


Notre document : "il aimait les bas couture, il aimait se sentir vivant"
(copyright Linda)


* Pour les spécialistes, titre en hommage à la vraie grande littérature, la seule, celle de "Pif gadget" bien sur !

6 commentaires:

la Chatte a dit…

moi je prefere le zizi riding, au easy reading !

et bien je ne l'ai JAMAIS lu celui là, contrairement à Marc Lévy je sais que j'en ai lu un mais je ne sais plus ce que c'etait, à par le fait que c'est mauvais signe si je ne me rappelle plus.... je ne sais pas pourquoi mais je ne le sens pas, et ca confirme...

bon allez, je vais me toucher les seins enfiler des bas et mettre une jolie robe, j'ai rdv ce midi, et quoi de mieux qu'une bonne bite pour se sentir vivante, hein? c'est bien pour ca qu'on appelle ca le vit, non mdr !

mui je pense que je vais postuler auprès des nouvelles poétesses avec des commentaires comme ca...

bizzzz

Isabelle Lorédan a dit…

Je n'ai jamais lu Musso, mais j'ai lu Lévy ! sourire. C'est plat, plein de formules bateau comme tu en as relevées Jeff, bref...

Les années 80 ont vu Sulitzer monter au summum des ventes de livres, aujourd'hui se sont Musso et Lévy. Navrant !

Franchement Jeff, tu aurais mieux fait de lire Eric Reihnardt et son "Système Victoria" ! lol

Pour ma part, je suis revenue hier de la bibliothèque avec trois bijoux : "Belle de jour" de Kessel, "Le blé en herbe" de Colette, et "L'insoutenable légèreté de l'être" de Kundera. Ça au moins, c'est de la littérature, grande et belle, qui n'abrutit pas mais au contraire enrichit.

Anonyme a dit…

mais quelle idée aussi de se lancer dans la grande littérature de jeunes filles pubères ou de plus anciennes en quête d'un amour perdu.
Il existe dans la littérature de bien bonnes choses qui nous scotchent sur un bouquin sans pouvoir le quitter en recherchant activement le moment ou l'on pourra s'y replonger (un peu comme tes articles qui sont finalement presque des minis livres).
Mais je ne vais surement pas critiquer Mussso ou Levy, je ne m'y suis jamais risqué. moi, ce serait plus du genre Jonquet, Ellory ou autre roman noir, avec du suspense, du sexe et du sang...et aussi Astérix ou Pif....
Autrement, je pense que je ne pourrai que t'encourager à commencer ton livre, tu sais d'avance que tu auras déjà 6 ou 7 acheteurs potentiels....
ralfa10

petite française a dit…

bon, je vais vous rassurer, Musso n'a pas le physique de sa photo. il est petit et très quelconque s'il ne parle pas. quand il parle, il est puant de suffisance.
je ne vous en dit pas plus, je l'ai rencontré dans ma sphère professionnelle.

donc vous n'auriez pas du lire. toutefois, j'avoue que l'idée de son dernier livre (ou avant dernier ?) rentrouver quelqu'un dont on a trouvé le téléphone, ça me fait un peu fantasmer...

B

Anonyme a dit…

Le début de la fin... Jeff, tu déconnes ! C'est à la faim des débuts que tu dois songer !
Je fais une pause, voir plus...

Pour des raisons bien trop longues à vous expliquer, et qui n'interressent pas grand monde de toute façon, je vais probablement mettre un terme à ce blog... Des problèmes de clavier ? d'écran qui sautille ?

Bientôt... Prends ton temps, hein ?

Il se peut donc que ce message soit l'avant dernier, parce que je viendrais vous dire au revoir quand même, et expliquer mes raisons, malgré tout...On t'attend déjà ...

Disons, grosso modo, qu' "un seul être vous manque, et tout est dépeuplé" C'est le syndrome de l'arbre qui cache la forêt .

Voilà...je suis dépeuplé, on va dire ça... C'est normal, c'est de saison .

Mais bon, y'a des choses bien plus graves hein ! Peut-être mais les choses graves ne doivent pas empêcher de vivre !

So long... c'est le nouveau
nom d'un cafard et du bourdon.
Ps : No comment, please... je ne parle ni belge,bi suisse ...

Anonyme a dit…

Purée Zut B..!
c'est contagieux.
Rendez-nous notre Jeff: on s'ennuyeuh!

CoràQuandlasuite?