lundi 3 juin 2019

Maudit gazon...

Peut on considérer comme étant un progrès dans le domaine de l'égalité des sexes, sinon que des femmes puissent devenir aussi connes que les hommes, du moins qu'elles aient (enfin ?) les mêmes travers qu'eux ?

Est ce une victoire de la cause féminine que de susciter les mêmes réactions outrancières et agaçantes, dans un domaine jusque là chasse gardée de la gent masculine  ?

A ce titre, comment survivre à la coupe de monde de foot féminin qui va bientôt démarrer, et entraîner avec elle son lot de nationalisme, de chauvinisme et de beauferie d'autant plus crasse qu'on ne va pas échapper, en plus, aux allusions lourdingues, aux comparaisons idiotes, aux remarques misogynes, aux blagues salaces, et à force, ça lasse.

Parce que c'est en France et surtout parce que ce sont des femmes, et que le féminisme est enfin un sujet pris au sérieux, doit on s'obliger à aimer subitement le foot, sous peine de finir balancé sur twitter, comme n'importe quel producteur porcin d'Hollywood, ou a t'on encore le droit de dire qu'on s'en fiche royalement, au mieux ?

Doit on s'ébaubir que la capitaine Amandine Henry (oui j'ai cherché sur Google, j'avoue!) devienne une icône française si elle marque en finale ou se désoler qu'elle retombe dans les oubliettes si elle perd en huitième ?

Parce que ce sont des femmes, pouvons nous quand même affirmer, comme Desproges, que le foot est un sport laid, balourd et disgracieux ?...oui, même féminin.


Entendons nous bien, je n'ai rien  contre le foot en général, et encore moins contre le foot féminin, je trouve juste un peu désolant que cela écrase tout le reste...Vous me direz, si la hiérarchisation de l'information était le fil conducteur des rédactions, la Syrie serait en paix, Jean Pierre Pernaut pointerait à Pole Emploi et personne ne connaitrait Nabila. Du pain et des jeux, c'est vieux comme le monde...

"La femme serait vraiment l'égale de l'homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente." disait Francoise Giroud, qui je le rappelle n'est pas la mère d'Olivier. Vu sous cet angle, alors oui, je pense qu'on peut  considérer cette coupe du monde comme un aboutissement, et une forme de victoire (à  la Pyrrhus ?) de la cause féminine.

D'un point de vue purement fétichiste par contre, et quitte à être encore classé dans la catégorie des pisse-vinaigre, je pense que  la paire de couilles ou d'ovaires ne fait rien à l'affaire: le short et le maillot en satin c'est comme le cuissard de cycliste, je ne trouve pas ça de bon goût, et à fortiori chez une femme bien sûr. Si encore elles jouaient comme ça...


(j'en viens même à me demander quel est mon niveau de beauferie à publier cette photo...dites moi...)

Bref, je vais donc en profiter, pendant un mois, pour éteindre ma télé et relire  Simone de Beauvoir et  Pierre Desproges , et je vous invite à en faire de même, en relisant par exemple...euh ..."le deuxième sexe a marqué contre son camps" ou bien les "chroniques de la haine ordinaire contre ces enculées d'allemandes"...

Ou mieux encore, le seul roman de Desproges, "Des femmes qui tombent", mais alors en huitième de finale si possible, ça rendra le mois de juin un peu plus supportable...

Mais je suis méchant...

Donc vive l'égalité des sexes, pour le meilleur et même pour le pire, vive la France, et vivement le mois d'aout !

Et puis quand même, juste pour le plaisir et vous donner envie d'éteindre votre télé vous aussi :


A mort le foot !



Voici bientôt quatre longues semaines que les gens normaux, j'entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu'ils existent, subissent à longueur d'antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur le gazon l'honneur minuscule d'être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s'abaisser à jouer au football.
Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l'esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles vulgaires de boeufs éteints. Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester sa libido en s'enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grand coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d'usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ? 

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m'avez fait vibrer qu'une fois : le jour où j'ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J'eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu'à la fin du tournoi. Mais Dieu n'a pas voulu. Ça ne m'a pas surpris de sa part. Il est des vôtres. Il est comme vous. Il est partout, tout le temps, quoi qu'on fasse et où qu'on se planque, on ne peut y échapper. 

Quand j'étais petit garçon, je me suis cru longtemps anormal parce que je vous repoussais déjà. Je refusais systématiquement de jouer au foot, à l'école ou dans la rue. On me disait : «Ah, la fille !» ou bien : «Tiens, il est malade», tellement l'idée d'anormalité est solidement solidaire de la non-footabilité. Je vous emmerde. Je n'ai jamais été malade. Quant à la féminité que vous subodoriez, elle est toujours en moi. Et me pousse aux temps chauds à rechercher la compagnie des femmes. Y compris celles des vôtres que je ne rechigne pas à culbuter quand vous vibrez aux stades.

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