mercredi 15 février 2012

Au bord de l'amer...

J'aurais du me douter que cette ville sentait le souffre...

Déjà en sortant de la gare, dans la nuit noire et le brouillard tombant, je me suis trompé de direction, et j'ai marché un petit moment à l'opposé d’où je devais aller.

Jolie métaphore, ça aurait du me mettre la puce à l'oreille, j'aurais du comprendre que je faisais fausse route, dans tous les sens du terme.

Et puis très vite la confirmation : des affiches de l'UMP partout, des 4x4 rutilants à tous les coins de rue, des villas arrogantes, des commerces de luxe à gogo, ou pour gogos, des avenues taillées au cordeau et rien qui ne dépasse, pas une poubelle brulée, pas un abri bus cassé, pas une crotte de chien, une sorte d'anti-banlieue parisienne...

Pas que la ville soit laide non, au contraire...

Elle paraît juste paisible, endormie et bourgeoise, comme presque toutes les petites villes de province, surtout en hiver. Mais ça peut avoir son charme, ça dépend du contexte, et là, quand même, le contexte était censé s'y prêter..

Mais il parait que l'enfer aussi, au début, ça a l'air agréable, juste avant de rôtir...

Enfin bref, je ne sais pas trop comment expliquer ça, mais les villes de droite ça m'a toujours fait flipper de toute façon...je ne m'y sens pas chez moi, c'est une litote, et pas le bienvenu, c'est une fierté...

Enfin peu importe, demain il y aura elle, et je n'aurais d'yeux que pour elle, car c'est pour elle que je suis venu...La ville, je m'en fiche pas mal, je n'avais pas fait 500 kilomètres et 5 heures de train pour faire du tourisme, et je serais allé à Forbach, à La Hague, à Hazebrouck, ou pire à Marseille, rien que pour elle, rien que pour savoir et, ça paraissait encore un peu irréel mais tellement évident, rien que pour l'aimer...

Mais avant ça, attendre...
----o----

Attendre, pour un type déjà peu patient, c'est un vrai supplice...

Mais attendre une femme, que dis-je, LA femme, enfin celle qu'on croit l'être, souffrir autant d'attendre mais pour enfin atteindre le plaisir, et quel plaisir, ça doit être une sorte de quintessence du masochisme, faut jamais renier sa nature profonde, et ça me faisait sourire d'y penser, d'un sourire béat, d'un sourire niais de type niais...

Et si le fameux, le fumeux "lâcher prise", si cher aux adeptes grandiloquents du Sado Masochisme, s'il existe bel et bien, nul doute que j'en approchais les faubourgs à chaque tour de cadran de l'aiguille de ma montre, qui filait, lentement, si lentement, vers midi...
Puis enfin elle est arrivée, enfin elle est sortie de sa voiture, enfin elle a marché vers moi, sublime, la féminité rayonnante, ni trop, ni trop peu, exactement comme je l'imaginais, tellement "trop belle pour moi", mais tellement bientôt à moi...
Croyais-je...
Sauf que...
Sauf que le coup de foudre ça n'existe que dans les films...vous savez, la seconde d'avant le type et la nana ne se connaissent même pas, et la seconde d'après ils savent qu'ils seront heureux et qu'ils vieilliront ensemble...

Sauf que là on se connaissait tellement, c'était tellement censé être plus facile, et ça paraissait tellement évident après tout ce qu'on s'était dit...trop facile, trop évident, terrible péché d'orgueil...

En tout cas, le coup de foudre unilatéral voyez vous, ce n'est pas seulement un oxymore, c'est aussi une grande baffe dans la gueule, ah ben oui...

Putain d'alchimie, putain de facteur humain, putain de virtuel...

Quand même, pourquoi c'est si laborieux chez moi, pourquoi me faut-il 25 ans dont 6 de blogs, 245 583 mails, 123 475 sms et quelques coups de téléphone pour enfin trouver celle avec qui j'ai envie de finir mes vieux jours, dans la complicité absolue...


Je sais, je sais, l'important ce n'est pas de savoir comment on y arrive, l'important c'est d'y arriver. Et au moins, me disais-je, je l'ai enfin trouvé, même au bout de 25 ans, 245 583 mails et 123 475 sms...

Et bien non, visiblement, ce n'est pas encore assez, Dieu est un pur sadique...

---o---
"Souvent femme varie, bien fol qui s'y fie", c'est François le 1er qui l'a dit...

Je suis Jean-François, le 2e...

Souvent femme varie oui, bien sur, et même tant mieux, c'est (aussi) ce qui fait son charme...

Parfois...

Car tout de même, varier à ce point...

Comme toujours cependant, il faut balayer devant sa porte, car on ne passe pas ainsi du tout au rien sans avoir sa part de responsabilité...

Alors quoi ? Pourquoi un tel naufrage, si près des côtes, et le même jour qu'en Italie ?!
J'ai bien un début de réponse mais bon...

Bon ok : j'ai vraiment aussi peu de charisme que ça ?!

C'est évident...

Dois-je absolument rester planqué derrière mon écran ad vitam aeternam, pour ne pas aller de désillusions en désillusions ?

C'est probable...

Suis-je ainsi condamné à perpétuité au virtuel et à la clandestinité, à cette vie d'une absurdité abyssale ?

C'est flippant...

Bon admettons que ce soit ça, soyons un peu lucide : je suis insignifiant...ok...

Mais je le sais ça ! Alors pourquoi continuer d'être aussi naïf surtout, à croire ainsi tout ce qu'on me dit, tout ce qu'on m'écrit, comme si c'était tellement évident, comme si j'étais crédible en Maître déjà, ça aussi, vraiment, quel manque de lucidité...

J'ai quel âge  ?!!


Mais quand bien même, il y a forcément autre chose...à quel endroit j'ai raté un truc, j'ai forcément raté un truc, je peux quand même pas être aussi con que ça, si ?!...et je ne peux quand même pas me contenter des "explications" un rien ridicules fournies après coup, l'exact contraire de ce qu'on m'a dit 24h plus tôt ? 

Je peux tout comprendre, tout accepter, tout :  le décalage entre le virtuel et la réalité, la peur de l'inconnu, la peur de tout sacrifier pour simplement assouvir ses pulsions, la peur d'une double vie qui s'éternise et du mensonge inhérent à celle ci, ah oui, ces deux là je les connais particulièrement bien, et puis surtout, surtout, je peux comprendre que je ne plaise pas "en vrai", que ce soit ça la raison, bien sur, ça ne commande pas ça...alors oui je peux, j'aurais pu le comprendre et l'admettre, même après autant d'espoirs et de projets...


Et on aurait tellement pu s'arrêter à ça par exemple : "tu ne me plais vraiment pas, je suis désolée"...ou bien encore "Non, je n'y arriverais pas, excuse moi"...J'aurais compris tout ça...


Mais fallait-il absolument me balancer ensuite toutes ces phrases ineptes à la gueule pour bien me faire comprendre de rester à la niche ?  Était-ce vraiment nécessaire de me dire, grosso modo : "fini les sms, les mails c'est mollo mollo, et je ne mettrais plus jamais les pieds sur ton blog, mais bien sur on reste copains hein?!"


Euh...

Est ce que ça n'aurait pas été plus simple, plus sain, de me dire : "je ne veux plus entendre parler de toi parce que j'ai fais mon choix, et ce n'est pas toi, et je préfère que tu sortes de ma vie, parce que je crois que ce sera mieux pour tout le monde"
 

J'aurais eu mal bien sur, mais au moins j'aurais compris, respecté, j'aurais adhéré même, après tout ce que j'avais espéré c'était de toute façon devenu inéluctable de couper tout contact, parce qu'il y a un moment ou c'est juste inhumain d'avoir le pot de confiture sous les yeux et d'être condamné à regarder un autre s'en régaler, et de garder le sourire en plus...au dessus de mes forces...
Au moins là, le contact est coupé, définitivement...

Mais quelle violence...

Ne reste donc que la solitude et le silence, et même pas un simple petit mot pour savoir comment s'est passé mon retour, comment je vais et comment va mon couple à moi après tout ça...

Holà !!!! Je vous arrête !!! Je ne me plains pas une seule seconde qu'il aille mal mon couple, oh non, ce serait le comble, et au moins cet épisode navrant aura t'il servi de détonateur, donnons lui au moins ce crédit...Tout ce qui m'arrive maintenant, tout ces dégâts collatéraux, je les ai voulu, choisi presque, en tout cas je me suis investi à fond quel qu'en soit le prix à payer, et je le paye, mais je l'assume...

Non, le plus dur au fond, c'est juste ça : tout ça pour quoi ? 

Rien...désespérément rien...retour à la case départ...

J'ai fais quoi pour mériter ça ? 

Je suis vraiment si con, si pénible, si pleurnichard, si collant, si méchant, si inquiétant, si saoulant, si flippant, si laid, si gros, si fade que ça ?

Comprends pas...c'est insupportable de ne pas comprendre, je suis trop cartésien...


Autant la fois d'avant j'étais fautif, tellement fautif, et j'avais compris, difficilement mais j'avais compris le silence assourdissant qui s'en était suivi...j'ai morflé, mais je savais pourquoi...


Autant là...


Mais au moins c'est à mon tour de savoir ce que c'est que d'être trahi, c'est formateur...j'essayerais de mettre moins de temps à pardonner, mais je me rends bien compte que ce n'est pas si simple...

---o---

Ce jour là, devant la porte de l'hôtel ou j'étais descendu, la mer dans le dos et l'amer dans le cœur, Jeff, le Jeff des "jupes des filles", celui là même qui hante la toile de ses états d’âme nombrilo-fétichistes depuis plus de 5 ans, ce jour là, à cet endroit là, ce Jeff là....

...il a bien failli mourir.


Mais avec le recul, après analyse, il est un peu mort de rire, surtout...

Voilà, je suis amer bien sur, mais juste au bord...sinon c'est exactement ça, j'ai pris le parti d'en rire...

Parce qu'autant de plantage dans les grandes largeurs avec le BDSM en toile de fond, autant de dégâts causés et de larmes versées, autant de mal fait aux autres, autant de naïveté et d'emballement pour rien, bref, autant tant de constance dans le naufrage affectif, au bout d'un moment, ça force le respect...ça devient même franchement risible et, au final, ça ne mérite sans doute rien d'autre que ça : une bonne tranche de rigolade...

---o---