mercredi 16 octobre 2019

Pur sadique, vrai sadique...

Le masochisme, je connaissais, un peu. Plus de 30 ans de bdsm derrière moi, je crois pouvoir dire que je suis passé par à peu près tous les stades. Je sais ce que c'est que d'avoir mal, de bander sous la douleur et d'en tirer un plaisir intellectuel inouï, qui supplante en intensité n'importe quel orgasme.

Je pense même que dans l'absolu je pourrais encaisser encore pas mal, si je ne me savais pas intellectuellement incapable de me soumettre de nouveau...enfin je ne sais pas, la seule certitude que j'ai c'est d'être dans le doute, comme disait Desproges. Mais pour l'instant j'ai jeté mon masochisme dans le fossé de mon cheminement chaotique dans le bdsm, et c'est très bien comme ça.
Peut être parceque j'ai beaucoup d'empathie pour mon prochain, enfin globalement disons parce que faut pas exagérer non plus (non, pas de noms!), mais le sadisme n'a jamais été une évidence pour moi, même depuis que j'ai changé de camp, il y a une dizaine d'années. Car ce n'est quand même pas très catholique de torturer la personne qu'on aime bon sang ! Maiiiiiis...mais mais mais mais, je ne suis pas très catholique du tout, et ça tombe donc très bien.
Au début, c'était quasiment une forme de culpabilité, "je m'excuse de te faire mal" en quelque sorte, je crois même avoir prononcé cette phrase devant quelques unes de mes premières consentantes victimes. Bien sûr, j'aimais bien "torturer" gentiment mes soumises précédentes, prendre du plaisir à les voir... prendre du plaisir, disons. Mais c'était presque un passage obligé finalement, un exercice de style, plus qu'une envie ou un besoin profond. Et le bdsm juste pour faire plaisir à l'autre, c'est un peu une impasse quand même...
Et puis J est arrivée...
Déjà, je m'étais surpris à adorer la ceinturer et la marquer avec force. Elle aimait garder et contempler pendant quelques jours, sur sa peau, les traces rougeoyantes de mon fougueux passage, et j'avais très vite appris à ne pas retenir mes coups avec elle, sans doute pour qu'elle ne soit pas déçue de repartir la peau trop blanche. Sans doute parce que j'aimais ça.
Une séance particulièrement m'avait troublée plus encore, et m'avait fait prendre conscience que j'étais probablement devenu un vrai sadique, je serais presque tenté d'ajouter "enfin".
Les bras suspendus à une poutre, j'avais eu, comme souvent, envie de m'occuper de ses seins. Je savais qu'elle était sensible à ça, sensible dans le mauvais sens du terme, elle n'aimait pas spécialement ça disons. Pourtant, et sauf utilisation du safe word, indispensable garde fou, je n'avais pas l'intention de m'arrêter. Je la sentais, je la voyais souffrir mais vibrer, nous vivions un de ces moments hors du temps, et c'eut été absurde de l'interrompre par scrupules ou par sensiblerie. L'idée était aussi de nous découvrir et de nous apprivoiser l'un l'autre, en essayant de savoir jusqu'ou nous pouvions aller, et là, nous y étions.




J'avais donc commencé à pincer ses tétons, doucement, puis de plus en plus fort, jusqu'à les tordre assez sévèrement je l'avoue. J'y prenais un plaisir incroyable, sans doute décuplé par l'idée qu'elle souffrait par moi et pour moi, par son expressivité, et peut-être même par la pensée éminemment perverse et cruelle qu'elle n'aimait pas ça. Mais elle tenait. Elle gémissait et grimacait, et plus je l'entendais, plus je la regardais, plus j'avais envie de tordre plus fort, ce dont je ne me privais pas. Et ça aussi, en soi, c'était nouveau.
De safe word il n'y en eut point besoin. Ses premières larmes en firent office, me remplissant pourtant d'un bonheur soudain et inédit. Me faisant stopper net donc, car c'était la première fois que je la faisais pleurer, et il était urgent d'analyser et de débriefer tout ça. Elle avait tout donné, M'avait tout donné, elle était allée au bout d'elle même, pour moi, pour mon plaisir, mon plaisir sadique. Ce fut pour moi comme un aboutissement que de l'avoir fait pleurer de douleur. Je l'ai détachée et prise dans mes bras pour la consoler et la remercier du merveilleux cadeau qu'elle venait de me faire. Ce fut sans conteste l'un de nos plus beaux moments, de ceux qui font qu'on ne peut jamais se résigner à renoncer au bdsm...
J'ai eu, à ce moment précis, pendant cet instant de plénitude et de partage, la sensation d'être devenu un vrai sadique, et surtout, surtout, de n'en éprouver  aucune honte, aucune culpabilité, et même d'en être fier, malgré ses larmes.
J'en étais...
Par la suite, le masochisme de J, son don de soi, son abandon, son envie permanente de me satisfaire, me confortèrent sans peine dans ma nouvelle vie de sadique-et-fier-de-l'être. L'épisode du parc, dépeint dans mon avant dernier article, en fut un autre moment intense, un commentaire sur cet article me l'ayant même signalé : Oui, je suis, j'étais sadique, et j'aimais ça.

Pour autant, le sadisme n'est pas dans ma nature profonde. Je ne prends absolument aucun plaisir à voir souffrir des gens en dehors du contexte bdsm, c'est pour ça notamment que je déteste les émissions à la con comme Koh Lantah et que je ne m'inflige pas Hanouna...et puis j'ai toujours  quelques scrupules à écraser une araignée, c'est vous dire.
Mon sadisme finalement n'existe que parce que le masochisme de l'autre existe, et qu'il a besoin de quelqu'un pour l'entretenir. Je me plais à penser également que mon sadisme n'est pas adapté à toutes les masochistes; j'ai pris plaisir à lui faire mal, parce que je l'aimais profondément. Serais-je capable d'en faire autant  à une parfaite inconnue, même consentante, même demandeuse, même suppliante ? Probablement pas, j'aurai trop peur, paradoxe absurde, de lui faire mal...on domine bien quand on connaît bien, et il en va de même pour le sadisme je pense.

En ce sens, et si je suis devenu un vrai sadique grâce à J, je ne crois pas être un pur sadique dans l'absolu, ce qui est quand même, finalement, plutôt rassurant...
J'étais simplement, et uniquement, le maître et le sadique, de ma soumise masochiste...
La nature est bien faite...

2 commentaires:

ARAMIS a dit…

"Mon sadisme finalement n'existe que parce que le masochisme de l'autre existe, et qu'il a besoin de quelqu'un pour l'entretenir."

Oui, je partage ce point de vue…

La différence entre vous et moi, c'est que, pour ma part, la réciproque existe: j'aime être maltraité et j'en jouis.

Jeff a dit…

D'accord, mais n'en mettez pas partout ! ;-)