mercredi 25 septembre 2019

L'an 50

Je ne pouvais décemment pas rater ça, Jeanne Cherhal en Showcase à la FNAC des halles à 18h, j'en serais forcément...Et j'en fût...Et c'était mieux que bien...et je vais vous raconter, un peu...

Jeanne a joué 4 morceaux de son dernier album, énième pépite dans sa carrière mais je ne suis pas bien sur d'être très objectif, faudrait creuser un peu...Elle est toujours autant une bête de scéne, qui communique beaucoup avec son public, et même quand il a une grosse voix qui dérange, comprendront ceux qui y étaient.

Moi qui ai la chance de l'avoir vue déjà 3 fois en concert (alors que je n'ai toujours pas vu Claudio Capéo, rholala mais qu'est ce que je fous (oui, c'est ma nouvelle tête de turc mais je sais pas pourquoi, Florent Pagny doit être en vacances)), je l'ai retrouvée joyeusement égale à elle même, souriante, drôle, espiègle, vive, charmante, et un p'tit peu beaucoup  plus douée pour le piano et la chanson que moi pour la gaudriole et le tagada tsoin tsoin en ce moment, c'est vous dire…


J'étais debout, au plus prés de la petite table ou elle devait s'asseoir pour dédicacer son disque après avoir chanté. Et puis quand elle s'y est installée, j'ai hésité un  peu connement  à imposer légèrement la grande carcasse dont je ne sais plus trop que faire, pour essayer de passer le premier. Dans cet élan d'enthousiasme et de charisme insolent qui a fait ma renommée par delà Créteil Soleil, je me suis dis " bon, tant pis", et j'ai regardé machinalement le rayon DVD dont je me contrefichais en attendant de prendre une décision, juste un fois pour voir ce que ça faisait. Et puis finalement je me suis dit que c'était quand même trop con, elle était là, j'étais là, profitons en, cornediou ! 

Entendons nous bien, je n'ai rien d'une midinette (même si parfois on pourrait le penser!)et je n'ai pas envie, ni besoin, de tomber dans l'idolâtrie béate, que je trouve toujours un peu malsaine, d'une chanteuse de variété, et même si la dite chanteuse est tout sauf une chanteuse de variété, mais je me comprends, ce qui en fait au moins un, qui me comprend.


Non , j'avais juste l'occasion en or d'aller saluer et remercier l'artiste qui m'a donné, me donne et me donnera encore autant de plaisir, et à part elle et Véronique Sanson, (et Rickie Lee Jones, et Kate Bush, et Sarah Vaughan, et puis quelques autres aussi),  elles ne sont pas si nombreuses, celles qui m'ont donné du plaisir...en chanson je veux dire…

En chanson non plus…


Alors je me suis mis dans la file d'attente. Pendant un petit moment, et avant que de vrais parisiens autocentrés ne s'installent derrière moi, j'en ai été le dernier:  "cool, je vais pouvoir discuter avec elle une petite heure et puis après on ira manger un kebab ensemble" 


Enfin bref, je n'étais déjà plus dans mon état normal…

Il y a avait tout de même un peu de monde, pas tout celui qu'elle mérite tant hélas. J'ai attendu une petite demi heure, mais qui d'autre plus que Jeanne valait la peine qu'on l'attendât (..tendit?) 30 minutes. Et puis ça me permettait de répéter dans ma tête ce que j'allais bien pouvoir lui dire, en attendant d'aller chercher un Bescherelle au rayon scolaire pour réviser mon subjonctif.

- Je suis fan de la première heure, depuis le p'tit voisin...euh enfin non, la première heure et quart on va dire, parce que j'ai raté le premier album…
Nan c'est naze..
Bon...si elle me demande mon morceau préféré je lui dis quoi? ben "Voilà" bien sur, "si j'avais pu choisir entre moi et autre chose", tout ça tout ça…on va se poiler c'est sur...
- et sur le dernier album ?
- Soixante neuf sans hésiter !
Mais nan t'es con tu peux pas lui dire ça, tu vas passer pour le pervers de service, relis les paroles bordel...et quelles paroles..

Oh là là c'est horrible, et est ce que je ne vais pas rougir, je déteste rougir ? ou bafouiller ?

Putain la spontanéité du mec…

Je ne sais pas si j'ai rougi, mais j'ai bafouillé...j'avais les jambes en coton à mesure que la file se réduisait et qu'arrivait mon tour. Le type devant moi, du genre fan intégriste, avait ramené tous les anciens albums pour que Jeanne les dédicace à la chaine. J'avais trouvé pire que moi dans le fétichisme, et ça me rassurait un peu. Pendant que Jeanne faisait consciencieusement ses lignes, il la photographiait avec son appareil photo de la taille de mon frigo, mais je suis célibataire. Un psychopathe je vous dis.. 

La dernière dame juste devant moi l'embrassa, la chaaaaaance ! Ou alors c'était sa tata qui pique je ne sais pas...Mais moi j'oserais jamais lui demander, pas plus qu'un selfie, quelle honte, et puis à quoi bon un remake inédit de la belle et le clochard, même au rayon DVD..

Et mon tour arriva, tadaaaam !

Je ne sais même plus trop ce que je lui ai dit, ça été bref, je me sentais con et fade (alors qu'en fait je suis c….nan rien !) et je voulais abréger nos souffrances respectives.

Je lui ai vite fait parlé de Soixante-neuf, quand même, en lui disant que c'était juste parce que c'était mon année de naissance hein, ho, faut pas rigoler avec ça, et que moi du coup j'étais de l'an 50, humour, et alors elle m'a fait cet amour de dédicace, et je ne savais même plus quoi dire, blackout, panique, ridicule, perte de moyen, mais je ne mets pas de s à moyen…



Et la seule phrase que j'avais envie de lui dire vraiment, et que j'avais répétée pendant 30 minutes dans ma tête façon tirade du nez "vous me faites beaucoup de bien", ben je ne lui ai même pas dit..

Enfin je ne crois pas…

En même temps, lui dire ça après lui avoir dit que j'aimais beaucoup Soixante-neuf...bon…

NDLR : C'est amusant, chez l'auteur de ce blog, cette obssession qu'il a d'essayer absolument de ne pas passer pour ce qu'il est quand même un  peu…

Bref, je suis reparti heureux comme un gamin de trois ans à qui on aurait offert son premier kinder surprise…(oui ben chez moi c'est un super souvenir, faites pas suer)

Et pourtant j'étais déçu de ma "prestation", comme si j'avais voulu, comme si j'avais besoin de lui prouver quoi que ce soit, à part mon admiration immodéré pour son talent et sa grâce. J'avais juste un peu l'impression d'avoir grimpé l'Everest et d'être arrivé au sommet de nuit , avec l'obligation de redescendre aussitôt...pas eu le temps de profiter de l'instant...en suis je encore capable au moins?

Je suis sorti tout bizarre, j'avais besoin de marcher avant de reprendre le métro, et j'ai descendu Sébastopol.

De petites gouttes commençaient à tomber du ciel, mais pas seulement. Un commentaire sur la photo Instagram que j'avais laborieusement postée pendant le concert fit que l'averse s'intensifia un peu, mais ça ne venait pas du ciel.

Question : Suis-je à ce point déprimé, ou bien peut on guérir de l'hypersensibilité ? 

Celle qui m'a fait regarder mes chaussures aux premières notes de piano de Jeanne, de peur qu'elle ne tombe sur mes yeux embués... 

Celle qui m'a submergée Boulevard Sébastopol en lisant ce commentaire, merci encore, au point de ne même pas me faire passer par la rue Blondel, comme je le faisais à mon arrivée à Paris il y a bientôt 30 ans…

Que de chemin non parcouru…

Ou alors..

C'est peut être juste l'an 50....


Ps: oh my goodness...j'allais oublier l'essentiel : Merci, chère Jeanne, de ce moment hors du temps et réparateur...merci de votre sourire, de votre gentillesse, de vos mots, et bien entendu de votre immense talent dont je ne sais plus me passer.

2 commentaires:

Vanessa a dit…

Ravie de vous lire, encore. Je vous suis sur insta mais je ne publie pas sauf hier ou subodorant votre curiosité j’ai publié la photo des souliers du mariage avec mon M . Vous avez avec lui de nombreux goûts ( hors du ) communs. J’espère que la soirée d’hier vous aura ragaillardit pour quelques temps. Mes respects du matin

Jeff a dit…

Merci chère Vanessa, ma soirée, votre commentaire ici et là bas, et votre gentillesse m'ont fait un bien fou oui, cet article en est un peu la preuve (si si!)..et puis au moins maintenant je sais que j'ai une fidèle lectrice donc je vais me motiver !
Merci encore, et belle journée à vous et à votre M, un homme de goût visiblement !
PS : et très jolies chaussures, mais on est jamais déçu avec Ernest ! Vous en avez d'autres?! :-))