Comme si tout cela était normal, acceptable, une espèce de tradition à la con comme la corrida, autre mise à mort dégueulasse. Comme si c'était juste une fatalité, comme les canicules ou les accidents de la route, qui n'en sont pas non plus..
Je ne sais pas si je suis féministe, c'est un peu difficile de se revendiquer comme tel dans mon cas.
Avant hier sur YouTube par exemple, je suis retombé sur une vidéo de Noir Désir aux Vieilles charrues en 2001 et je me suis surpris à penser "quand même, Cantat, c'était quelque chose"...et ça m'a presque horrifié de penser ça.
Autre tare, et ce blog en est la preuve accablante, j'accorde une énorme importance au paraître, au talon arrogant, au bas crissant, au jupon froufroutant, comme si c'était le plus important chez une femme. J'ai déjà écrit mille choses la dessus, sur mon fétichisme, relisez donc si ça vous amuse...Est-ce que Nadine Morano en porte-jarretelles, puisque c'est elle qui en parle, pourrait me faire bander ? Peut être, surement même, et ça ça m'horrifie encore plus...
Enfin et pire que tout, ma sexualité, enfin ce qu'il en reste, penche sérieusement vers des images de femmes soumises, attachées, humiliées...et frappées même, et je ne mets pas de guillemets...que ce soit avec une cravache ou avec une main, on frappe dans ces cas là, il n'y pas d'autres mots.
Alors bon, je ne culpabilise plus vraiment de tout ça, mais ça ne me rend pas non plus hyper serein. Qu'elle soit consentante et même demandeuse ne change pas grand chose à l'affaire : aux yeux de la plupart des féministes, je passe surement, au mieux, pour le pire des machos, et ça ça me rend quand même un peu chafouin. Parce que je les aime bien, les féministes, et pas que Jeanne Cherhal... Parce que leur combat est noble, indispensable, fondamental, si on veut espérer pouvoir vivre un jour dans un monde civilisé. Ce n'est évidemment pas suffisant, mais c'est tellement nécessaire.
Cette dualité permanente entre mon amour et mon admiration immodérés des femmes et les signes contradictoires et plus ou moins évidents de mon machisme ordinaire, c'est parfois un peu lourd à porter, je ne vous le cache pas, en bon tourmenté que je suis. J'aurai préféré être normal, mais visiblement ça a bugué à l'adolescence, et Dieu seul sait pourquoi, le salopard.
Mais quand même, toutes ces femmes qui tombent comme disait Desproges, ça me bouleverse à un point...
Et plus encore, dans le désert affectif que je traverse en ce moment, ça me rend dingue de me dire que des femmes puissent être aussi malheureuses avec un connard assassin, alors que moi, peut être, modestement, j'aurai pu réussir à les rendre heureuse, et à les sauver tout simplement.
Et je trouve ça profondément injuste...injuste que de sombres abrutis puissent être en couple quand moi je suis si seul...qu'est ce que j'ai de moins qu'eux bordel ? la confiance en moi, oui, bon...
Ceux qui me connaissent le savent, je déteste me vanter et me regarder le nombril, mais je vais le faire quand même, une fois n'est pas coutume : je pense, malgré mes fantasmes envahissants, malgré ma lâcheté ordinaire, malgré ma procrastination chronique, malgré mon physique, au mieux, ordinaire, je pense, sans trop me tromper, et même si j'ai un passif, que j'ai encore de quoi rendre une femme heureuse, un jour...
Bon....euh...alors quoi...euh...j'ai un peu d'humour (bon, il faut parfois être indulgent)... je suis un peu ours mais un gentil ours, facile à vivre...je suis câlin, généreux, attentif... Je suis suffisamment cultivé pour préférer Quotidien à Touche pas à mon poste et les expositions aux stades de foot...je sais pas cuisiner mais je bricole bien...et je suis profondément, viscéralement de gauche...et ça c'est quand même une putain de qualité, et rare, en ce moment...
Et demandez à l'intérieur ce que vous ne voyez pas en vitrine...
Mais bordel, j'ai tellement envie d'échanges, de partages, de rires, de plaisirs, d'aller au cinéma et de refaire le film avec toi en sortant, de verser une larme sur un morceau de Jeanne Cherhal (que tu m'essuieras du bout de tes doigts en me souriant), j'ai tellement envie de faire les magasins (de fringues, oui, bon, on ne se refait pas) et d'être fier de toi, à ton bras, j'ai tellement envie de prendre l'Orient Express avec toi ou de partir en road trip sans même savoir ou on va...
En attendant, je me masturbe occasionnellement devant des vidéos BDSM...Voilà...A part Nicolas Hulot quand il était ministre, peut on être plus éloigné de son idéal de vie que je ne le suis actuellement ?
Bref...
Petit épilogue, qui m'a inspiré cet article en fait :
La femme que j'ai le plus aimé, que j'aime encore plus que tout, vient d'accoucher de son troisième enfant...une fille, la deuxième.
Elle est profondément féministe...et fut pour moi, profondément, celle avec qui le bdsm était une évidence...elle fut ma tendre soumise oui, preuve que ce n'est pas incompatible avec le féminisme.
Moi qui aurait tant aimé avoir une fille, moi qui aurait tant aimé et rêvé de lui en faire une , je suis condamné, en bon masochiste, à regarder dégouliner son bonheur éminemment légitime sur Instagram, en me faisant tout petit dans mon coin, je déteste être de trop...Je hais les couples qui me rappellent que je suis seul, moi aussi, à fortiori les couples avec deux filles...
De l'avoir laisser filer, de savoir qu'elle aurait pu me donner une fille et me rendre le plus heureux des hommes, c'est un poncif mais c'est tellement ça, et de regarder impuissant mourir toutes ces femmes, tout cela rend encore plus cru le constat de ma morne vie, dont je suis l'unique responsable, et même en criant à l'injustice.
C'est nous qui faisons notre propre vie, pas les autres, mais je n'arrive pas, je n'y arrive plus, à faire la mienne.
Il se peut donc que cet article soit le dernier, tant mon cœur et mon âme sont secs...